Dans un premier temps, regardons ce qui est proposé : Un age pivot à 64 ans avec 43 ans de cotisation pour avoir une retraite complète. Une simple soustraction permet de voir que pour avoir une retraite complète, il faut avoir commencé à travailler à 21 ans, et ne jamais avoir été au chômage jusque la retraite. Est-il possible de commencer à travailler à 21 ans ? Dans un monde où l’on souhaite que 80 % d’une classe d’âge obtienne le bac, et 50 un diplôme de l’enseignement supérieur, cela est compromis. A quel âge, obtient-on le bac ? D’après les données officielles, 17 ans… Nous rappellerons que pour avoir le bac avant de fêter ses 18 ans, il faut deux conditions, ne jamais avoir redoublé et être né après le mois de juillet. On notera que dans ce cas, une personne obtenant son bac (résultats début juillet) sera plus proche de son 18ème anniversaire que de son 17ème… Ensuite, ne jamais avoir redoublé n’est pas le cas le plus fréquent. Un tiers des jeunes a déjà redoublé à 15 ans (entrée normalement en seconde), pour le lycée, de nombreuses personnes y redoublent. Incapable de trouver une statistique, je donnerais l’exemple de ma propre classe en Terminale scientifique, une personne avec un an d’avance, dix en âge normal, quinze avec un an de retard, quatre avec deux ans de retard et une avec trois ans de retard. On doit donc considérer qu’habituellement, une personne obtient son bac proche des 19 ans. Travailler à 21 ans, avec des études supérieures signifie donc avoir un diplôme en 2 ans, ce qui, hormis les BTS,DUT et DEUST, n’est pas possible. Le niveau d’étude habituel de nos jours est devenu de bac+5. Ce qui signifie pour une personne ayant son bac à 17 ans, une entrée sur le monde du travail à 22 ans, et pour une personne moyenne ne redoublant pas après le bac, l’entrée sur le monde du travail se fera à 24 ans, ce qui est déjà trop tard pour tenir les conditions requises. On ajoutera que la majorité des étudiants ne trouve pas leur voie directement, et peut commencer des études un an ou deux dans une filière avant de trouver leur filière. Une fois diplômé, il faut compter qu’avant de trouver un emploi, il faut en moyenne chercher un an, et un taux de 90 % de personnes diplômées avec un emploi n’est atteint qu’après deux ans et demi après avoir obtenu son diplôme. Comptant que dans sa carrière une personne se retrouvera deux à trois fois au chômage, et qu’il faut compter un an pour retrouver un emploi à chaque fois, on comptera que pour une retraite à 64 ans, le temps habituel de cotisation serait 36 ans de cotisation, là où 43 sont demandées.
Ceci était pour les cas moyens, des personnes n’ayant pas trop de problèmes dans la vie. Maintenant, attaquons-nous à la réalité des choses. Dans notre société, avec son taux de chômage, les gens, en mal d’argent, se retrouvent à accepter n’importe quoi, et les entreprises en profitent bien. La réalité est que l’on a affaire à une génération broyée par le système. Au départ, les enfants des classes moyennes qui n’ont droit à aucune aide, et dont les parents n’ont pas les moyens de financer les études se retrouvent dans une situation de détresse innommable. On estime entre 5 et 10 % le taux d’étudiant(e)s devant se livrer à la prostitution pour financer leurs études ; ces personnes seront fragilisées pour le reste de leur vie. Une grande quantité d’étudiants se retrouvent à devoir prendre un petit job, type mac do, qui leur a usé la santé. Souvent, face à la détresse financière, les étudiants conservent leur petit boulot et négligent leurs études jusque les abandonner et finir dans l’enfer des petits boulots où ils se font exploiter. Il est loin le temps où les étudiants faisaient les vendanges en septembre pour payer leur année d’étude, depuis la réforme LMD, les études commencent début septembre et non début octobre, dont faire les vendanges signifie rater un mois de cours et échouer.
Ceux qui arrivent dans un vrai travail après leurs études, se retrouvent face à un milieu hostile, et acceptent toutes les mauvaises pratiques de peur de perdre leur emploi, jusqu’au burn out. Ajoutons ceux qui se retrouvent à devoir accepter des mi-temps de 40 heures par semaine, payés à mi-tarif, mais sans possibilité de protester car beaucoup seraient prêts à prendre leur place. N’oublions pas non plus ceux qui se retrouvent coincés dans des contrats cours, comme par exemple qui enchaînent les CDD de dix mois, avec deux mois de chômage, et reprennent leur travail, toujours pour la même entreprise… Donc, aucune ancienneté ou augmentation, un trimestre de cotisation retraite perdu par an, et même perte de congé payé. Peut-être notre retraité de 80 ans dira qu’il faut attaquer en prud’hommes ? Et bien les prud’hommes pourront lui obtenir un CDI, qui subira une rupture à la première incartade, pour pouvoir exploiter des employés plus dociles. De plus quand cette personne ne sera plus aussi performante à cause de l’âge, elle ne sera pas reconduite. Enfin, n’oublions pas les personnes qui décident de se lancer, soit en s’endettant soit en se lançant en autoentrepreneur, et qui hypothèquent leur vie pour s’en sortir, et qui ne se relèveront plus en cas d’échec. Une vaste partie des gens au chômage de longue durée sont lavés, hors d'usage, (tristes et sans aucun avantage).
Notre retraité nous rétorquera que des entreprises essayent d’engager, et que personne n’accepte le poste proposé. Plutôt que de considérer que les demandeurs d’emploi sont des fainéants, regardons de plus près certaines offres restant sans réponse… Quand une entreprise cherche à recruter un « informaticien » en charge de la maintenance, du design du site web, d’infographie, des bases de données, et bien sur de faire le community manager, s’occuper du développement de programmes pour l’entreprise et de sa cyber-sécurité. Non, cette entreprise ne cherche pas une personne, elle en cherche trois ou quatre, avec des formations différentes… Donc non, ils ne trouveront personne, et si par désespoir, quelqu’un postule et se fait engager, il sera en burn-out en moins d’un an.
Au final, en mettant bout à bout, l’étudiante qui aurait du pratiquer la prostitution, ceux qui seront dans la galère des petits boulots, ceux qui sont exploités, et ceux qui finiront en burn-out, une vaste partie de la population devant être active ne sera plus en état ni physique ni psychologique de pratiquer une activité professionnelle. Cette génération sacrifiée ne pourra pas bénéficier d’une retraite. Certains « Cursus parfait » pourront s’en sortir, mais il y a fort à parier que ces personnes sont plus des problèmes que des solutions aux problèmes. Les tanguys des années 70 restés chez leur parents ne pouvant se lancer, et les boomerang des années 80, c’est à dire ceux qui ont dû rentrer chez leurs parents faute de pouvoir rester indépendants, ne pourront jamais accéder à leur retraite. Leurs parents, normalement retraités, se retrouvent à devoir les aider financièrement pour qu’ils puissent vivre un peu plus décemment.
Après avoir parlé des juniors, parlons des séniors. Les personnes de plus de 50 ans encore en état de travailler, ont également des ennuis, très cher à employer pour les entreprises, ils restent sur le carreau. Certes ils ont accumulé des droits à des formations rémunérées qu’ils peuvent utiliser pour des formations en menuiserie ou en gestion des espaces verts qui leur seront très utiles pour profiter de leur retraite, mais ces derniers ne retrouveront plus de réel travail.
Face à cette situation, on en reviendrait presque à regretter les théories économiques de King Camp Gillette (dont le nom reste plus célèbre l’invention du rasoir jetable que pour ses théories économiques) selon lesquelles dix à quinze ans d’activités professionnelles par personnes sont suffisantes pour maintenir la société équilibrée et que personne ne manque de rien. Pour rééquilibrer le système actuel, certaines choses sont exclues :
- Augmenter les cotisations pour les salariés et pour les employeurs, puisque l’Etat prélève déjà trop pour la compétitivité de nos produits
- Baisser les retraites, car les retraités font vivre leurs enfants et leurs petits-enfants et sont dans la nécessité
- Faire travailler plus longtemps les salariés et les fonctionnaires, puisque les durées de cotisations sont déjà inatteignables
Le principal problème pour les caisses de l’Etat est bien entendu que la moitié des impôts sert à payer les intérêts d’une dette qui ne cessent de croitre, sans cela, les caisses maladies et de retraite seraient plus qu’équilibrées. Ensuite, le train de vie de la République française est exorbitant, il coûte deux fois plus que la monarchie britannique et quatre fois plus que la monarchie espagnole, une réduction est plus que nécessaire. Ensuite, l’Etat qui est en banqueroute continue de dilapider de l’argent à l’international, même si la solidarité globale est une valeur chrétienne, elle ne doit pas s’exercer au détriment de sa propre population. L’Etat souhaite aussi rapatrier les djihadistes de Syrie dont 40 % ont la nationalité française, ces personnes ont renoncé à la nationalité française en choisissant celle de DAESH, pourquoi dilapider de l’argent pour aider des personnes qui haïssent la France ? Encore de l’argent dilapidée. L’Etat subventionne les personnes et entreprises qui massacrent les autres, bref, l’Etat paye pour maintenir des œuvres perdues en condamnant ceux qui auraient pu permettre d’apporter des bénéfices à la société, c’est plus que suicidaire.
Au final, cette situation de réforme des retraites n’aura pas de solution dans l’immédiat. Trop a été fait, la situation a dépassé les limites de l’acceptable en fonction des personnes touchées par la misère actuelle en France. Si l’Etat tente de passer en force cette réforme, les victimes des violences étatiques vont contre-attaquer, et prendre les armes contre les forces de l’ordre. Aucun catholique ne pourra condamner cela, car plus que conforme au catéchisme de l’Église catholique. Cette situation n’aura d’autre issue que l’affrontement global… advienne que pourra.